Aposiopèse en mots croisés

L'aposiopèse est une figure de style qui consiste à interrompre brusquement une phrase ou un discours, laissant le sens en suspens. Cette interruption volontaire crée un effet dramatique ou émotionnel, suggérant que l'orateur est submergé par l'émotion, la colère, ou qu'il préfère ne pas achever sa pensée par pudeur, menace implicite ou pour laisser l'auditeur imaginer la suite.

Cette figure rhétorique est couramment utilisée en littérature et dans le langage courant pour exprimer l'indicible ou créer du suspense. Elle se manifeste généralement par des points de suspension à l'écrit ou par un silence significatif à l'oral, comme dans l'expression "Si tu continues comme ça, tu vas voir..." où la menace reste implicite mais compréhensible.

  • 11 lettres: INTERROMPRE
  • 9 lettres: SUSPENDRE
  • 6 lettres: CESSER

Exemples d'utilisation dans les mots croisés

Figure de style avec points de suspension
Clé qui pourrait apparaître pour décrire cette technique littéraire d'interruption volontaire
Interruption brusque du discours
Définition mettant l'accent sur l'aspect technique de cette figure rhétorique
Phrase laissée en suspens
Approche plus simple décrivant l'effet visible de cette figure de style
Figure qui crée du suspense par l'inachevé
Définition soulignant l'effet dramatique recherché par cette technique d'écriture

Étymologie et origine grecque

Le terme "aposiopèse" provient du grec ancien "aposiopesis" (ἀποσιώπησις), composé de "apo" (loin de, cessation) et "siope" (silence). Littéralement, ce mot signifie "action de se taire", ce qui décrit parfaitement cette figure de style où l'orateur s'interrompt volontairement. Cette origine étymologique souligne l'importance du silence et de l'interruption dans la communication, concepts déjà identifiés et analysés par les rhéteurs de l'Antiquité grecque qui ont développé une terminologie précise pour décrire les effets du langage.

L'aposiopèse dans la littérature classique

Cette figure de style trouve ses lettres de noblesse chez les grands maîtres de la littérature française. Racine l'emploie magistralement dans "Phèdre" lorsque l'héroïne, rongée par la passion, ne parvient pas à achever ses aveux : "C'est Vénus tout entière à sa proie attachée..." L'interruption traduit ici l'impossibilité de dire l'indicible. Corneille use également de cette technique dans "Le Cid", notamment dans les moments de tension dramatique où les personnages sont submergés par l'émotion. Au XIXe siècle, Victor Hugo exploite brillamment l'aposiopèse pour créer des effets de suspense et d'intensité émotionnelle.

Variantes et figures apparentées

L'aposiopèse se distingue d'autres figures de style proches mais différentes :

  • La réticence - interruption par pudeur ou convenance sociale
  • La prétérition - fait semblant de passer sous silence ce qu'on dit en réalité
  • L'ellipse - omission de mots non indispensables à la compréhension
  • La suspension - pause qui maintient l'attention en suspens

Ces nuances permettent aux spécialistes de rhétorique d'analyser avec précision les intentions stylistiques des auteurs et les effets recherchés sur le lecteur.

Usage moderne et applications contemporaines

Dans le langage contemporain, l'aposiopèse reste très présente, notamment dans les réseaux sociaux où les points de suspension créent des sous-entendus et des effets dramatiques. La publicité exploite cette figure pour créer du mystère : "Avec ce produit, vous allez..." laissant le consommateur imaginer les bienfaits. Au cinéma et dans les séries, les dialogues interrompus maintiennent le spectateur en haleine. Cette persistance de l'aposiopèse dans la communication moderne prouve sa pertinence psychologique et son efficacité rhétorique intemporelle.


Questions et réponses

Quelle est la différence entre aposiopèse et ellipse ?

Bien que ces deux figures de style impliquent une omission, l'aposiopèse est une interruption volontaire et dramatique d'une phrase en cours, souvent pour des raisons émotionnelles, tandis que l'ellipse consiste à omettre des mots grammaticalement nécessaires mais compréhensibles par le contexte, sans notion d'interruption brutale.

Comment reconnaître une aposiopèse dans un texte littéraire ?

L'aposiopèse se reconnaît à plusieurs indices : la présence de points de suspension en fin de phrase inachevée, un contexte émotionnel fort (colère, émotion, menace), et le fait que l'interruption soit volontaire et significative. Le lecteur doit pouvoir deviner ou imaginer ce qui aurait pu être dit.

Pourquoi les auteurs utilisent-ils l'aposiopèse ?

Les auteurs emploient l'aposiopèse pour plusieurs raisons : créer un effet dramatique intense, suggérer l'indicible ou l'innommable, impliquer le lecteur dans la construction du sens, exprimer une émotion trop forte pour être achevée, ou encore créer une menace implicite plus efficace qu'une menace explicite.

L'aposiopèse existe-t-elle dans d'autres langues que le français ?

Oui, l'aposiopèse est une figure de style universelle présente dans de nombreuses langues. En anglais, elle s'appelle "aposiopesis", en italien "aposiopesi", et en espagnol "aposiopesis". Cette figure rhétorique était déjà utilisée dans l'Antiquité par les orateurs grecs et latins, démontrant son caractère intemporel et interculturel.