Principaux types d'anesthésiques locaux
Les anesthésiques locaux se divisent en deux grandes familles chimiques :
- Les esters : procaïne (Novocaïne®), chloroprocaïne, benzocaïne. Ces molécules sont métabolisées par les estérases plasmatiques et présentent un risque allergique plus élevé.
- Les amides : lidocaïne (Xylocaïne®), articaïne, mépivacaïne, bupivacaïne. Plus stables et mieux tolérées, elles sont métabolisées par le foie et constituent la majorité des anesthésiques modernes.
- La benzocaïne : utilisée principalement en application topique pour les maux de gorge ou les douleurs dentaires légères.
Modes d'administration et techniques
L'efficacité d'un anesthésique local dépend largement de son mode d'administration :
- Injection sous-cutanée : technique la plus courante en médecine générale et dentaire
- Application topique : crèmes, gels ou sprays pour anesthésier la surface de la peau ou des muqueuses
- Blocs nerveux : injection près d'un nerf spécifique pour anesthésier une région entière
- Anesthésie épidurale ou rachidienne : techniques avancées utilisées en chirurgie et obstétrique
Le choix de la technique dépend de la procédure à réaliser, de la zone à anesthésier et de la durée d'action souhaitée.
Histoire et développement
L'histoire des anesthésiques locaux commence au XIXe siècle avec la découverte des propriétés anesthésiantes de la cocaïne par Carl Koller en 1884. Cependant, sa toxicité et son potentiel d'addiction ont motivé la recherche d'alternatives plus sûres.
En 1905, Alfred Einhorn synthétise la procaïne, premier anesthésique local synthétique sûr, révolutionnant la pratique médicale. La lidocaïne, développée en 1943 par Nils Löfgren, reste aujourd'hui l'un des anesthésiques locaux les plus utilisés au monde grâce à son excellent profil de sécurité et d'efficacité.
Mécanisme d'action et pharmacologie
Les anesthésiques locaux agissent selon un mécanisme précis au niveau cellulaire :
Ils se lient aux canaux sodiques voltage-dépendants des membranes neuronales, bloquant l'influx de sodium nécessaire à la génération et à la propagation de l'influx nerveux. Cette action est réversible et dose-dépendante.
Les fibres nerveuses les plus fines (responsables de la douleur et de la température) sont affectées en premier, tandis que les fibres plus épaisses (motricité, toucher) résistent davantage. Cela explique pourquoi on peut perdre la sensation de douleur tout en conservant partiellement le toucher lors d'une anesthésie locale bien dosée.